Yodam
Il existe en Iran un jeu enfantin très amusant auquel j’aime à jouer, c’est très simple : Il faut avant tout manger du poulet et récupérer l’os que l’on nomme « bréchet » en français ou « os à vœux », wishbone en anglais. En effet cet os étrange semble avoir interpelé beaucoup de peuples.
En Iran donc, vous prenez cet os à deux et vous le cassez, peu importe la taille du morceau qui vous reste, vous êtes à partir de cet instant lié à l’autre par le souvenir de cet acte fondateur ! A partir de ce moment, chaque fois que la personne liée à ce même pacte vous tend quelque chose, vous devez dire « Yodam », ce qui signifie « Je me souviens ». Cela peut paraître facile mais cela vous entraine à une terrible vigilance à laquelle nous ne sommes pas habitués. La partie peut durer des mois, voire des années.
Il s’agit d’un exercice qui peut s’appliquer au monde Spirituel ! En effet notre activité mentale va nous tenter, nous coller en permanence à autre chose que l’état méditatif naturel auquel nous aspirons. Nous oublions notre Être pour rester identifié à sa pâle copie qu’est notre identité mentale. En termes bibliques, nous sommes chassés du paradis et préférons les « fruits du j’aime ou j’aime pas », pomme symbolique du mental menteur qui nous maintient dans la souffrance éternelle.
Sachons ne pas oublier notre être, notre présence à ce qui Est, notre état ancien de Conscience, notre Lux æterna, signifiant en latin lumière éternelle.
Nous pouvons, comme c’est le cas dans tous les monastères, mettre en place des signaux sonores, des tintements de cloches ou clochettes ou bien encore nous imposer des heures précises pour le retour à SOI. Les technologies modernes le permettent facilement avec leur s notifications qui pour une fois servirons un autre maître que le tentateur habituel.
Arnaud Desjardins en parlait aussi en évoquant la plaque d’immatriculation au Québec qui porte cette devise « Je me souviens ». Il disait de façon humoristique que nous devrions aussi avoir en nous cette mention « Je me souviens »…