Numineux

Vous avez bien lu, c’est bien numineux avec un N, bien que ce mot se rapporte un peu à la Lumière dans son sens Spirituel. Je vais essayer de vous en donner le sens profond un plus loin dans cet article mais en simplifiant et résumant un peu, il s’agit justement de cette expérience que nous avons tous un jour ou l’autre vécue :

Elle est d’abord visuelle mais d’autres sens peuvent y être sensibles, le paysage, l’objet ou le lieu qui est dans votre champs de conscience vous semble plus lumineux, plus beau, comme s’il avait en lui plus de lumière, comme si il irradiait une Aura subtile semblable à celles des saints sur les icônes orthodoxes.

Cette expérience vous pénètre et vous reconnaissez un parfum d’essentiel, un peu divin…

En fait l’objet perçu n’y est pour rien, c’est vous qui avez changé, vous ne voyez plus le réel depuis votre « moi » habituel, mais depuis votre véritable nature, votre « JE » qui est pure lumière…

« La vie ne peut plus être ennuyeuse dès qu’un fil d’or vous relie à votre profondeur » (Karlfried Graf Dürckheim)

Plusieurs sources

Le Numineux, un terme dérivé du latin « numen », tel que conceptualisé par Rudolf Otto, désigne la force agissante de la divinité, évoquant un « sentiment de présence absolue, une présence divine ». C’est une expérience à la fois mystérieuse et terrifiante, que Otto décrit comme le « mysterium tremendum ».

L’origine de ce concept remonte à Rudolf Otto et son ouvrage « Le Sacré » de 1917, où il décrit l’expérience numineuse comme une expérience émotionnelle du sacré. Le Numineux trouve son fondement dans le « numen » latin, la puissance agissante de la divinité.

Il est essentiellement composé du mysterium tremendum, qui incarne la terreur et l’effroi de l’incompréhensible divin, ainsi que du mysterium, qui représente une altérité radicale capable de fasciner et d’envoûter. Le Numineux oscille entre l’attraction séduisante du fascinans presque dionysiaque et la répulsion causée par la terreur du tremendum, tout en demeurant imprégné du mysterium.

Cette double tension souligne notre propre impuissance et finitude face à un tout autre, nous confrontant à notre dépendance envers une divinité transcendante. Le sentiment religieux se trouve ainsi lié à notre soumission face à cette transcendance.

Otto utilise le terme « numineux » pour décrire un niveau de pensée situé au-delà de l’éthique et du rationnel, une dimension simultanément effrayante et fascinante, ressentie dans la conscience.

Carl Gustav Jung, dans le cadre de la psychologie analytique, relie le numineux aux archétypes, qui sont des formes symboliques innées et constitutives de l’inconscient collectif. Jung s’intéresse particulièrement à l’interaction entre l’inconscient et le conscient chez les individus souffrant de troubles psychiques, suggérant que l’accès au numineux est la véritable thérapie.

Émile Durkheim, de son côté, a proposé que les « choses que les interdits protègent et isolent » soient considérées comme sacrées, tandis que les objets auxquels ces interdits s’appliquent et qui doivent rester à l’écart soient considérés comme profanes. Le concept de numineux selon Otto est utilisé pour caractériser cette sphère au-delà de l’éthique et du rationnel, engendrant le mana, le sacré, la religion et la magie.

Jean Yves Leloup évoque le numineux comme une rencontre avec le sacré dans la nature, où l’on ressent une qualité d’être ou de lumière qui dépasse l’esthétique. Cette expérience transcende la simple beauté, nous reliant profondément au monde.

La culture latine avait déjà employé le terme « numen » pour décrire la « puissance agissante » d’un dieu romain. L’utilisation de ce terme dans un sens figuré, tel que l’évoque Pline le Jeune pour la « puissance divine de l’histoire », montre comment le numineux peut être interprété de diverses manières.

Enfin, Karlfried Graf Dürckheim souligne l’importance de l’amour comme moyen de rencontrer le numineux, en tant que force transcendante qui favorise le lâcher-prise et le don de soi.

L’étude générale des religions utilise également le terme « numen » dans un sens similaire à celui des Latins, explorant les puissances et les forces qui se manifestent à travers l’expérience religieuse.