Sylvothérapie

Nisargadatta Maharaj

Rencontre avec l’éternité
Loué soit Nisargadatta Maharaj, l’un des plus grands mystiques de l’Inde contemporaine

J’ai découvert ce maître immense il y a une dizaine d’années et j’ai lu et relu les quelques livres que l’on trouve en français.
Je dois avouer qu’il me fascine toujours autant, même si la rudesse de ses propos est à l’opposé de la rondeur chaleureuse d’une Ma Ananda Mayi ou de la douceur joyeuse de Ramdas.

Bain d’orties, coup de sabre et poison, voilà ce qui attend celui qui cherche le moindre réconfort psychologique ou le moindre gain dans « l’avoir ».
Seul l’essentiel et la direction de l’Ultime sont enseignés par ce maître.

Pas de mode d’emploi, pas de méthode, seule la fin du chemin est montrée à qui peut l’entrevoir.

« Ce que l’on ne veut pas entendre, il le dit
Ce que l’on ne veut pas voir, il le montre »

Dans son apparence, Sri Nisargadatta Maharaj était un banal chef de famille, et il ne parlait que sa langue maternelle – le Marathi ; mais la sagesse de ses propos spontanés était la même que celle qu’on peut trouver dans les Vedas et les Upanishads. Il était l’image éclatante et achevée de l’éternelle pure Conscience. Aux yeux du chercheur sincère (celui aspirant à rencontrer un sage vivant, égalant en sagesse ceux des Écritures), il représentait l’accomplissement de ses aspirations les plus intimes.

Sri Nisargadatta Maharaj ne se posait pas en Mahatma, en Bhagavan, ou en Paramahamsa. Il n’avait à offrir – ni n’enseignait – aucun yoga ou système philosophique. La Nature Réelle était tout ce qu’il connaissait et dont il faisait l’expérience – la Nature Réelle qu’il avait en commun avec ses auditeurs.

Pendant quarante ans, et plus encore, ce grand homme n’a cessé de répéter : « Soyez conscient de votre état d’être, simplement de l’être, sans être ceci ou cela ou l’autre. » Il défiait ses auditeurs, leur demandant de poser des questions, mais ses réponses n’étaient jamais des réponses seulement. Chacune d’elles était un défi lancé à celui qui avait proposé la question, par lequel il l’engageait à découvrir de lui-même ce qu’était sa Nature Réelle.

Ses paroles venaient tout droit de sa propre intuition des choses et il disait qu’il ne faisait que raconter sa propre « histoire ». Il ne sentait pas le besoin de prouver ce qu’il énonçait. Il ne se souciait pas de citer une quelconque autorité qui aurait étayé ses dires, en sorte que l’auditeur puisse mieux estimer leur véracité. De même, il engageait ceux qui posaient des questions à ne parler que de leur propre expérience et à ne pas citer ce que d’autres ont dit. Il soutenait que sa propre « histoire » deviendrait également celle de ses auditeurs ; que tout comme elle s’était révélée à lui, ainsi elle se révélerait forcément à ses auditeurs, dès lors que chacun se serait affermi dans son « être », son état de pure conscience.

Quand était abordée la question controversée des vies antérieures, Maharaj demandait immédiatement à la personne posant cette question si elle avait quelque connaissance sur sa « naissance » actuelle. « Vraiment, disait-il, pourquoi posez-vous une question complètement inutile ? Lorsque quelqu’un demandait à Bouddha ce qu’est le péché, il répondait : « Est péché tout ce qui est inutile. » La seule chose qui soit nécessaire est de découvrir qui pose la question. Qu’est-ce que votre Nature Réelle ? Quelle est la Réalité qui a existé avant que surgisse la conscience « je suis » ? Refusez de quitter votre être, et vous découvrirez ce qui est antérieur aux mots « je suis ».

L’étude des Vedas, des Upanishads et des innombrables autres écritures hindoues permettra à l’étudiant d’entrevoir la Vérité, comme s’il apercevait un magnifique tableau de la Vérité peint selon nature. Alors que, se trouver assis tout près de Nisargadatta Maharaj à écouter l’Upanishad vivant, c’était être en présence de la Vérité elle-même.

Damanyantie Doonagagi Bombay

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Entretien avec Sri Nisargadatta Maharaj

On touche ici au plus haut enseignement possible pour qui peut le ressentir dans toute sa finesse et sa terrible lumière.

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Q : Et qu’est-ce que la mort ?

M : C’est un changement dans le processus de vie d’un corps déterminé. L’intégration cesse et la désintégration commence.

Q : Mais qu’en est-il du « connaissant ». Disparaît-il avec le corps ?

M : II disparaît à la mort, de la même façon qu’il est apparu à la naissance.

Q : Et il ne reste rien ?

M : La vie reste. La conscience a besoin d’un véhicule et d’un instrument pour sa manifestation. Quand la vie produit un autre corps, un autre « connaissant » vient à être.

Q : Y a-t-il un lien causal entre les « corps-connaissants » et les corps-mentals » successifs ?

M : Oui, il y a quelque chose qu’on pourrait appeler le corps-mémoire, ou corps causal : un enregistrement de tout ce qui a été pensé, désiré et tait. C’est comme l’agglomération d’un nuage d’images.

Q : Que signifie une existence séparée ?

M : C’est la réflexion, dans un corps séparé, de l’unique réalité. Dans cette réflexion le non-limité et le limité sont confondus et pris pour la même chose. La suppression de cette confusion est le but du yoga.

Q : La mort ne supprime-t-elle pas cette confusion ?

M : Dans la mort, seul le corps meurt. La vie ne meurt pas, ni la conscience, ni la réalité. Même le corps n’est jamais aussi vivant qu’après la mort.

Q : Mais renaît-on ?

M : Ce qui est né doit mourir Seul le non-né ne meurt pas. Trouvez ce qui jamais ne dort ni jamais ne s’éveille, et dont la pâle réflexion est notre sensation du « je ».

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Extrait du livre « JE SUIS »

Maison d’édition : Les deux Océans http://www.lesdeuxoceans.fr

N° ISBN : 2-86681-002-3 Année de parution : 1982, 1995, 2003

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Extrait de « Sois » de Nisargadatta Maharaj

Visiteur :
Pourquoi suis-je né?

Maharaj :
Il est dans la nature de la conscience de se manifester. Il n’y a pas de cause. Le soleil se lève pour éclairer ses planètes, c’est dans sa nature.
Si vous adorez profondément ce « je suis », vous conquerrez tous les pouvoirs sur la manifestation mais je ne vous conseille pas d’entrer dans ce circuit.
La conscience agit à travers le corps, elle a des millions de formes et la toute puissance.
Vous êtes l’ensemble de tout ce qui existe mais votre orgueil conditionne cette splendeur aux dimensions de votre’ corps et vos convictions vous limitent à des formes illusoires.

Visiteur :
Est-ce que croire en Dieu n’est pas une façon d’échapper à cet orgueil?

Maharaj :
Avoir une foi religieuse n’est qu’une complaisance émotionnelle. Croire à la naissance et à la mort également. Chacun n’est guidé et n’agit que par ses émotions. Tout ce que l’on cherche à exprimer est émotionnel.
Ne faites rien, soyez. La méditation n’est rien d’autre. Demeurez ancré immuablement dans la conscience d’être. N’ayez aucune connaissance de quoi que ce soit. Soyez. Cela est.la parfaite méditation.
Que peut-on utiliser d’autre que la conscience pour s’ancrer dans la conscience ? Vous êtes le thème même de méditation de votre conscience.
Si vous ne pouvez arriver à abandonner l’idée que vous allez mourir, alors acceptez cette révélation : vous êtes l’ensemble du manifesté.

Visiteur :
Comment me stabiliser dans la conscience?

Maharaj :
Il n’y a de stabilité que dans le sans forme. Dès qu’il y a un aspect, une couleur, l’esprit est sollicité et il se limite. Dans le social c’est cela que l’on veut : du changement, des aspects variés, du mouvement. Tout cela est du jeu, du passe-temps.
La conscience est en toutes choses, elle peut être perçue en tous objets car c’est elle qui maintient leur subsistance. La conscience est vécue et s’exprime à travers la totalité des formes mais elle n’est qu’une.
Le feu, l’air, l’eau, peuvent-ils être réduits à une forme?

Vous avez actuellement compris tout ce qu’il y avait à comprendre, vous ne devez pas rester ici plus longtemps.
Attention, qui êtes-vous ? Brahma, mais l’habitude du corps est toujours là ! J’estime néanmoins qu’à présent vous devez pouvoir vous appuyer sur la manifestation Brahma que vous êtes. Si, après avoir écouté tout ce qui a été dit pendant ces journées, vous persistez à vous relier au corps et à être stimulé par la vie du monde, c’est votre affaire mais ce sera un grand gâchis, une grande erreur. Branchez-vous sur votre manifestation en tant qu’être.

Il est facile de ne plus s’identifier au corps : observez le corps, observez la force vitale du souffle. Si vous pouvez l’observer, c’est que vous en êtes distinct. Comme plus tard observant la conscience vous serez au-delà de la conscience. Mais, tout d’abord, soyez un avec cette conscience. Vous ne pouvez en aucun cas vous confondre avec ce déguisement qu’est le corps. Se stabiliser dans la conscience entraîne la renonciation spontanée au physique et au matériel. J’insiste, un renoncement non délibéré, survenant de lui-même.

Vous croyez tous à votre vie individuelle bien qu’elle soit illusoire. Voyez donc, ce que vous considérez comme vrai change continuellement !

Pouvez-vous m’indiquer une seule chose constante? Seul le sens d’être existe mais vous ne parvenez pas à vous en rendre compte parce que tous vos points de comparaison sont eux-mêmes changeants. Seul, « je suis », quoi que vous fassiez, demeure nécessairement là, identique à lui-même.

Le « je suis » est l’âme de tout l’univers. Il est dans le ver, dans le ciel, dans l’homme, partout.

Tout répète « je suis ». C’est le principe dynamique que l’on s’efforce de tuer en le limitant au corps mais il est immortel.
Vous avez compris, il ne faut plus revenir. Vous savez sans hésitation ni doute, sans nécessité de réflexion, que vous n’êtes pas une femme. Vous le savez, même en rêve. Donc, vous devez savoir aussi spontanément que vous n’êtes pas ce corps.

La conscience seule accorde la conscience, adorez-la comme la forme la plus haute de vous-même.

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Ces extraits longs sont tirés du livre Sois ! de Nisargadatta Maharaj traduit de l’anglais par Paul Vervisch

Maison d’édition : Les deux Océans http://www.lesdeuxoceans.fr

N° ISBN : 978.2.86681.007.8 Année de parution : 1983, 1994 Poids : 440 Grs Nb pages : 288

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