Manifeste de l’Être-Forêt

Une voie de présence, de soin et de silence inspiré
Préambule
Je ne suis pas ici pour conquérir, expliquer ou rentabiliser le monde.
Je suis ici pour habiter la Terre
Et la forêt est mon asile, mon miroir, mon maître silencieux.
1. Être-là, c’est revenir à la présence
La forêt ne fait rien d’autre qu’être.
Elle n’a pas besoin de prouver, d’expliquer ou de se justifier.
En elle, je redécouvre la simplicité de mon être-là.
Non comme une fonction, un rôle ou un nom,
mais comme présence nue, fragile, vivante.
✧ Je m’engage à cultiver la présence, sans but ni masque, dans chaque marche, chaque souffle, chaque regard posé sur l’écorce.
2. Être authentique, c’est habiter sa finitude
L’arbre me rappelle que tout ce qui naît finira.
Et pourtant, il pousse, il offre, il relie.
C’est parce que je vais mourir que chaque instant compte.
Refuser cette finitude, c’est vivre dans l’oubli de soi.
L’accepter, c’est commencer à vivre vraiment.
✧ Je choisis de m’ancrer dans l’instant, non par peur de l’avenir, mais par amour de ce qui est.
3. Sortir du “On” pour retrouver le souffle du monde
« On » dit qu’il faut aller vite, produire, parler, performer.
Mais la forêt ne suit pas ce rythme. Elle respire lentement.
Le monde du “On” nous coupe de l’Être.
La forêt me réapprend à écouter, à sentir, à me taire.
✧ Je refuse de me laisser modeler par les normes mortes. Je cherche la vérité dans le vivant, dans la mousse, dans le vent.
4. Être-pour-la-vie, en étant conscient de la mort
Chaque feuille qui tombe me rappelle ma condition humaine.
Mais cette conscience n’est pas une malédiction :
elle est le moteur d’une vie pleine, engagée, aimante.
✧ Je transforme la conscience de ma mort en un élan vers la beauté, vers le don, vers l’éveil.
5. Laisser l’Être se dire dans le silence
La forêt ne parle pas en mots, mais elle nous parle.
Heidegger écrivait que l’homme est le “berger de l’Être” :
non celui qui domine, mais celui qui veille, écoute et reçoit.
Dans le bruissement des feuilles, le chant des oiseaux ou le silence d’un tronc creux,
l’Être se manifeste.
✧ Je choisis de ne pas combler le silence. J’écoute ce qui ne s’entend qu’avec le cœur.
Conclusion : être arbre parmi les arbres
Je ne cherche pas à devenir arbre.
Mais je reconnais en l’arbre un frère d’existence
Nous partageons la même Terre, le même mystère, la même précarité.Je m’engage à marcher humblement dans la forêt,
non comme un maître, mais comme un hôte.
Non comme un curieux, mais comme un vivant parmi les vivants.Francis SIGRIST le 15 /05/2025