Celui qui est libre du jeu de la dualité, de la dualité de l’action devient le témoin de ce qui se passe.
« Il est pure conscience lucide (awarreness) devant laquelle défile le changement. A tout ce qui arrive, tout ce qui se produit, il dit « oui ».
Et cette conscience du changement est absolue.
Ce « oui » éternel est constant : c’est la Perfection «
Swami Prajnanpad
Un sanyâsin bengali, très peu connu aussi bien en Inde qu’en Occident.
Depuis sa mort en 1974, ses disciples, dont le plus connu en France est Arnaud Desjardins, sont peu nombreux et donnent chacun une vision différente de cet homme, qui leur a paru exceptionnel à bien des égards.
Rassembler quelques-unes de leurs remarques permettra de donner une première approximation de ce qu’il a été :
« Un esprit scientifique qui a montré la logique de l’élan vers la libération et qui offre, dans un langage réinventé pour notre époque, les vérités de toujours qui, présentées traditionnellement, n’ont pour nous plus de signification »
« Il s’est servi de Freud comme d’un marche-pied pour faire découvrir les vérités de l’Advaita »
« L’être parfait par excellence. Celui dont on ne peut rien dire justement parce qu’il est parfait »
« IL est avant tout amour, amour d’une qualité telle, qu’une fois entré dans le cœur d’une personne, non seulement cet amour ne meurt pas avec le temps, mais se développe et grandit au gré des circonstances de la vie. »
Au travers de ces appréciations diverses transparaissent quelques-uns des traits qui rendent la personnalité et l’enseignement de ce maître si attirant, pour un occidental.
Aspect indien
Brahmane, Swami Prajnanpad est héritier de la grande tradition religieuse hindoue, familier des textes traditionnels : Veda et Upanisad, Vedânta, Sâmkkya, bouddhisme et tantrisme, il incorpore et réinterprète, comme les grands sages d’autrefois, tous les éléments disparates de la tradition en leur donnant une présentation, un vocabulaire, une tonalité nouvelle.
Aspect moderne et scientifique
Il parlait fort bien anglais et avait une formation scientifique, puisqu’il était diplômé de physique. Il en a gardé le goût des démonstrations scientifiques.
Il s’est beaucoup intéressé à Freud et à la psychanalyse.
Le génie propre de Swami Prajnanpad (Svâmiji nom affectueux donné par ses disciples)
Ce génie s’exprime à la fois par sa vaste culture générale, l’art avec lequel il a su intégrer de manière cohérente des données venant de sources aussi différentes que la tradition indienne, la physique occidentale, la psychanalyse ainsi que la présentation artistique qu’il a su donner à son enseignement.
Son enseignement
Le moyen le plus simple est encore de suivre l’ordre que suivait Svâmiji lorsqu’un candidat disciple venait le voir. Il commençait toujours par la différence et le changement. Puis il parlait du mécanisme qui empêche de voir, de ce centre dont nous sommes séparés : l’ego et toutes ses manifestations : le mental, les pensées, les émotions, les désirs. Il abordait ensuite le chemin pour se rendre libre : voir, accepter, agir et terminait par les relations avec autrui qui servaient à vérifier la solidité de la compréhension.
Contrairement à certains maîtres spirituels, Swami Prajnanpad n’encourageait pas de rituels complexes ou de pratiques ésotériques. Il insistait sur une approche directe et pratique de la spiritualité, adaptée aux défis de la vie quotidienne.
Un chemin moderne
L’énorme différence, par rapport à des grands éveillés comme Ramana Maharshi, qui ne donnait aucune méthode véritable de libération, mais qui témoignait surtout de la réalité du divin manifesté, c’est que Swami Prajnanpad a su créer une technique quasi scientifique pour arriver à cette libération. De plus, elle est totalement d’actualité et compréhensible pour un occidental.
Son ashram
Un très modeste ashram perdu au fond du Bengale, où la vie se déroulait dans des conditions dures pour un occidental, car il n’y avait pas de place à la compensation, et où seul le travail de libération était présent.
Il se déroulait sous forme d’entretiens, le disciple assis face à Swami Prajnanpad , le sitting.
Il y avait aussi une forme particulière de travail sur l’inconscient, le lying.
Ses disciples
Il eu peu de disciples. Des indiens et des occidentaux. Quelques français nous font l’immense grâce de nous faire connaître son enseignement. Quelques-uns des plus connus, Daniel Roumanoff, Frederick Leboyer, Denise et Arnaud Desjardins. Ce dernier continue à transmettre l’enseignement de Svâmiji au travers d’un centre spirituel dans le sud de la France et ses disciples sont nombreux.
Quelques paroles du maître
« L’ego c’est la voix du passé…rien d’autre que des émotions refoulées insatisfaites. C’est l’émotion insatisfaite qui pleure…L’ego n’est jamais satisfait. Aussi l’insatisfaction est le signe distinctif ou le symbole de l’ego. »
« L’acceptation de ce qui est sur le plan physique, c’est à dire des différences conduit à l’unité. L’acceptation du changement conduit à ce qui ne change pas. »
Bibliographie
SVÂMI PRAJÑÂNPAD
de Daniel Roumanoff – Editions La Table ronde – Tome 1 & 2
SVÂMI PRAJÑÂNPAD – L’ART DE VOIR
Lettres de ses disciples – Editions L’Originel
PORTRAIT D’UN HOMME REMARQUABLE
de Frédérick Leboyer – Editions Criterion
SVÂMI PRAJÑÂNPAD – BIOGRAPHIE
de Daniel Roumanoff – Editions La Table ronde
ENTRETIENS AVEC SVÂMI PRAJÑÂNPAD
de Srinivasan – Editions L’Originel
SVÂMI PRAJÑÂNPAD ET LES LYINGS
de Eric Edelmann et Olivier Humbert – Editions La Table ronde
Niralamba Swami
Niralamba Swami, né Jatindra Nath Banerjee le 19 novembre 1877 à Channa, dans le district de Burdwan, était un philosophe indien et un fervent nationaliste engagé dans la lutte pour l’indépendance de l’Inde.
Parcours révolutionnaire
Durant ses études au Burdwan Raj College, Jatindra Nath développa un intérêt marqué pour les activités politiques, se tournant vers des méthodes révolutionnaires pour libérer l’Inde du joug colonial britannique. Il tenta de s’enrôler dans l’armée britannique pour acquérir une formation militaire, mais sans succès. Il rejoignit ensuite des organisations révolutionnaires, collaborant avec des figures telles qu’Aurobindo Ghosh (Sri Aurobindo).
Transition spirituelle
Après la répression des activités révolutionnaires au Bengale, Jatindra Nath retourna dans son village natal, où il se consacra à la méditation et à la quête spirituelle. Il ressentit le besoin de trouver un guide spirituel et, après de nombreuses pérégrinations, rencontra Soham Swami à Nainital, qui devint son gourou. Sous sa guidance, il adopta la vie de sannyasi (renonçant) et fut renommé Niralamba Swami.
Fondation de l’ashram de Channa
Avec la bénédiction de son maître, Niralamba Swami établit un ashram dans son village natal de Channa, où il attira de nombreux disciples et chercheurs spirituels. Parmi eux se trouvait Swami Prajnanpad, qui devint son disciple entre 1924 et 1925. L’ashram devint un centre d’enseignement de l’Advaita Vedanta, mettant l’accent sur la réalisation de soi par la connaissance (Jnana Yoga).
Héritage
Niralamba Swami est reconnu pour avoir intégré son engagement nationaliste avec une profonde quête spirituelle, illustrant la possibilité de servir la nation tout en poursuivant l’illumination spirituelle. Son influence perdure à travers les enseignements de ses disciples, notamment Swami Prajnanpad, qui a propagé sa philosophie en Inde et au-delà.