Le Shin Jin Mei (ou Xin Xin Ming en chinois, traduit par « Poème de la Foi en l’Esprit ») est considéré comme l’un des plus anciens textes essentiels du Ch’an, une école bouddhiste chinoise qui deviendra le Zen au Japon. Ce texte est attribué à Maître Sosan (ou Sengcan), le troisième patriarche du Ch’an après Bodhidharma, le fondateur légendaire de cette tradition en Chine.
Origine et contexte
Rédigé au VIᵉ siècle de notre ère, le Shin Jin Mei reflète les enseignements fondamentaux de la voie du Ch’an. Ce courant s’appuie sur une transmission directe de l’expérience spirituelle, au-delà des mots et des concepts. Le poème capture l’essence de cette approche, en soulignant l’importance de l’unité de l’esprit et de la réalité. Le titre, souvent traduit par « Inscription sur la Foi en l’Esprit », évoque une confiance profonde dans la nature fondamentale de l’esprit et dans le chemin de la méditation.
Structure et contenu
Le Shin Jin Mei est composé de 73 versets poétiques, conçus pour guider le lecteur ou le pratiquant vers une compréhension directe de la réalité ultime. Ces versets explorent des thèmes tels que :
- L’harmonie entre les opposés (bien et mal, plaisir et douleur).
- Le dépassement du dualisme et des jugements mentaux.
- L’abandon des attachements et des désirs.
- L’expérience de l’équanimité et de la paix intérieure.
Par son style poétique et son langage symbolique, le texte transcende les distinctions intellectuelles et cherche à provoquer une intuition directe de la nature du réel.
Un chef-d’œuvre universel
Malgré son ancienneté, le Shin Jin Mei conserve une pertinence et une profondeur qui en font un chef-d’œuvre du patrimoine spirituel de l’humanité. Ce texte offre une sagesse intemporelle, invitant à une méditation sur l’essence de l’existence et à une réalisation personnelle.
Traduction et commentaire par Taisen Deshimaru
Au XXᵉ siècle, Maître Taisen Deshimaru, un maître Zen japonais, a joué un rôle clé dans la transmission du Zen en Occident. Il a traduit et commenté le Shin Jin Mei, offrant une interprétation accessible aux pratiquants contemporains. Ses commentaires éclairent les subtilités du texte et relient ses enseignements à la pratique méditative, tout en insistant sur l’importance de l’expérience personnelle plutôt que sur une compréhension purement intellectuelle.
En résumé, le Shin Jin Mei est bien plus qu’un simple texte spirituel ; il est un guide intemporel pour tous ceux qui souhaitent approfondir leur compréhension de l’esprit et de la vie dans une perspective non-dualiste.
Pénétrer la voie n’est pas difficile,
Mais il ne faut ni amour, ni haine, ni choix, ni rejet.
Il suffit qu’il n’y ait ni amour ni haine
Pour que la compréhension apparaisse,
Spontanément claire,
Comme la lumière du jour dans une caverne
S’il se crée dans l’esprit une singularité
Aussi infime qu’une particule,
Aussitôt une distance illimitée
Sépare le ciel et la terre.